Faire du zéro déchet en restauration, ça peut sembler utopique, quand il n’y a rien de pus sur-emballé que l’alimentaire, sans parler de la prolifération de la vaisselle jetable avec l’essor de la vente à emporter… pour autant, je suis profondément convaincue que les professionnels ont un levier d’action et de transformation bien plus puissant que les particuliers. À la maison, j’ai adopté depuis longtemps une transition vers le zéro déchet, et l’impact est considérable, tant sur le volume de déchets que sur le porte-monnaie. Il n’y a qu’à voir le projet « Familles Zéro Déchet » de la ville de Roubaix : -47% de déchets et 1000€ d’économies sur une année !

Alors imaginez lorsqu’il s’agit de nourrir non pas deux, trois personnes, mais de servir une centaine de couverts par jour ? Et puisqu’il s’agit d’un coffee shop, il n’y a pas meilleur exemple que celui de la tasse à café.

Petit kawa, gros pollueur 

250 milliards de gobelets à usage unique sont utilisés chaque année dans le monde ! C’est 250 milliards de petits pollueurs qui, pour plus de 99% d’entre eux, sont incinérés ou atterrissent dans les décharges… ou dans la nature. Car ces tasses sont pour la plupart fabriquées avec un mélange de papier et de plastique (visant à les rendre étanches), et sont très difficiles à recycler, les filières spécialisées n’existant pas en France. Elles ne conviennent pas non plus au bac de recyclage, où elles sont mal revalorisées.

Monceaux de tasses à café jetable lors d'une manifestation
Monceaux de gobelets jetables, CC @Hat4Rain, 2012, Washington

On note quand même des pas en avant avec l’adoption début 2020 de la loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire : les gobelets plastiques vendus « vide », c’est-à-dire en paquet au supermarché, sont interdits (bon, sauf s’ils ont un peu de matière dite « biosourcée », dans ce cas, ils affichent fièrement « réutilisable »…). De même pour les assiettes en plastique. Il faudra attendre juillet 2021 pour que soient aussi interdits les gobelets remplis d’une boisson et les assiettes en carton avec un film plastique.

Pas d’inquiétude, il y a des « swaps/alternatives »

Quelques alternatives « Green » ont commencé à apparaître sur le marché, mais sont-elles vraiment si éco-responsables que ça ?

  • Alléluia, des tasses biodégradables ! On remplace le film plastique par de l’amidon de maïs (ou acide polylactique). Mais biodégradable ne veut pas dire responsable ! Certes, la fabrication requiert moins d’énergie fossile que le plastique, mais nécessite quand même d’importantes ressources énergétiques. Pour ce qui est de leur vie « après », la dégradation des tasses ne s’effectue que dans des conditions très spécifiques : elles ne vont pas au compost du jardin, ne doivent pas se retrouver dans la poubelle papier, et elles se dégradent mal dans une décharge classique, générant du méthane, puissant gaz à effet de serre. En gros, elles n’ont pas de filière adaptée aujourd’hui. Et puis enfin, pour produire 250 milliards de tasses chaque année, quelle part de la production de maïs faut-il détourner au détriment de la filière alimentaire ?
  • Bon, une autre « solution » alors, le bambou et le bois ! C’est biodégradable, c’est naturel ! C’est certain que ce sont des matériaux plus sains pour l’alimentation. Mais sait-on d’où vient notre vaisselle et comment elle a été fabriquée ? Selon une étude de WWF, 23% du bois importé en Europe est d’origine illégale1. Sans mentionner le traitement industriel et l’import de ces matériaux depuis d’autres continents, puisqu’aucune plantation commerciale de bambou n’existe en Europe.

Conclusion : le volume de déchets produit ne réduit pas, même s’il a l’air plus éco-friendly !

La solution choisie par Bulbe

La solution la plus durable, la moins polluante, et, finalement, très pratique quand on s’y met, est celle de la tasse réutilisable ! Celle qui se glisse dans le sac le matin et qui nous tient compagnie dans tous nos déplacements. En réutilisant, on évite l’exploitation de nouvelles matières premières, la production polluante et la création de nouveaux déchets qui doivent être triés, traités, revalorisés !

On privilégie les matériaux sains et inertes, et on choisit ce qui nous plait ! Inox, verre, céramique, avec ou sans motif, avec ou sans couvercle, thermos ou pas… il y en a pour tous les goûts.

Un pas plus loin

Cappuccino du Café Bulbe, servi... dans un bocal !

Adopter une démarche plus respectueuse de la planète n’équivaut pas nécessairement à acheter tout un tas de produits, au contraire ! Même sans gourde en inox dernier cri, on peut boire son café « zéro déchet » : le Café Bulbe se donne pour mission de rendre accessible à tous l’alimentation et le zéro déchet. Pour prendre son café du matin à emporter, un smoothie bien frais ou un chai latte pour les froids matins d’hiver, il suffit de se munir du dernier bocal vide et bien lavé qui encombre la cuisine. Rien de neuf n’est produit, le verre est un matériau durable et résistant à la chaleur, aisément recyclable, les bouchons sont étanches… parfait ! C’est d’ailleurs la solution que je choisis de mettre en place pour la vente à emporter chez Bulbe : un système de consigne, avec la possibilité de venir déposer ses bocaux (propres) ou simplement d’apporter son contenant. Ainsi, on fait avec l’existant, on réutilise, on ne dépense pas un sou de plus, et on ne rajoute rien dans la poubelle. Et si vous avez oublié votre bocal, on en a en stock pour vous ! D’ailleurs, vivement l’ouverture, car les placards commencent à déborder…


  1. https://www.wwf.fr/champs-daction/foret/approvisionnement-responsable/bois

2 commentaires sur “Zéro déchet : par où commencer ?

    1. Quand tu en auras trop, tu sauras où les déposer 😉 quoi qu’il doit y avoir des initiatives sur Rennes, certains magasins de Vrac récupèrent les bocaux vides !

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